sur le forum jeudhistoire.fr, Xavathor a rédigé une belle présentation de sa démarche créative. Je me permets de la republier ici afin d'en faire profiter tout le monde.
Je trouve que c'est explicite et permet de bien comprendre le processus de genèse de la règle.Xavathor a écrit :
Salut,
Il y a maintenant quatre ou cinq ans, je ne sais plus trop, j'ai présenté une table de démo d'un système de jeu maison pour jouer des batailles de la période du 1er Empire, lors la convention annuelle de Vaires sur Marne. Les gens m'ont regardé bizarrement avec mes mini-pouces de 6mm face aux géants de 28mm majoritairement présents!
Passée la curiosité, on m'a encouragé à sortir cette règle de mon salon, pour la partager. Il est vrai qu'il n'y a pas tant de règles de jeu que cela qui sont conçues directement avec l'idée de jouer des batailles complètes, dans un temps de jeu, disons, normal.
Alors, avec Matthieu, on s'est remonté les manches pour vous. On a descendu quelques bouteilles de bonne gnôle en débriefant nos parties, en notant les ajustements à apporter, en testant à nouveau le jeu avec d'autres joueurs, et en écoutant les remarques qui nous étaient faites. Il y avait du boulot!
Thomas nous a fabriqué une page Facebook, puis nous a invité deux fois à la Levée en Ligne, où nous avons joué la seconde bataille de Polotsk et la bataille de Dresdes. Du coup, la pression est montée un peu, car nous avons reçu de multiples marques d'intérêt ou de curiosité.
Notre travail arrive à un bon terme pour qu'il puisse être désormais partagé. Nous le mettrons en vente à un prix assez modique sur une plate-forme numérique, probablement Wargame Vault, sous la forme d'un PDF, et ce à la fin du mois de juin si on s'en sort avec les dernières mises en page et corrections.
Matthieu et moi sommes historiens, lui sans doute un peu plus que moi, et surtout le 1er Empire est sa spécialité, mais j'ai en revanche une meilleure connaissance des règles de jeu avec figurines pour en avoir testé et lu un bon paquet.
Quand, il y a presque dix ans, je me suis lancé dans la conceptualisation d'une règle pour le 1er Empire, je suis reparti aux sources, et pas aux règles de jeu existantes. Je me suis par contre servi de mon expérience de joueur, toujours plus ou moins heureux ou frustré.
Voilà pour l'histoire de l'histoire!
Le jeu lui même est en tours alternés, mais avec d'abord une phase d'ordre de ralliement, et d'initiative très importante, car elle est conçue de façon à remettre un peu de brouillard de guerre là où le jeu de figurines en permet peu. Difficile, en effet, de ne pas “voir” les troupes adverses sur une belle nappe verte!
Il y a une bonne part d'inertie... les ordres sont les ordres : on les suit! Le général ne contrôle pas ses hommes sur le champ de bataille. Il contrôle un état-major.
Le format classique, disons pour une partie de 2 à 3 heures, selon les événements de la partie et la connaissance du jeu, est d'aligner l'équivalent d'un corps d'armée, parfois un tout petit peu plus.
L'activation se fait à un niveau intermédiaire : on active des divisions, mais ensuite on déplace les brigades.
Chaque brigade est constituée de ses éléments historiques : bataillons, régiments de cavalerie, batteries d'artillerie. Chacun de ces éléments est un socle. Le micro-tactique n'est pas géré dans le détail, bien que les formations, par exemple, sont intégrées dans la réflexion ayant conduit à la formalisation du combat.
Le combat implique au minimum une brigade contre une brigade... mais souvent plus par un jeu de soutiens. L'essentiel est de ne pas penser alors au bataillon, mais bien à la brigade, et à la division. Il n'y a pas de surhommes non plus, seulement des hommes, plus ou moins motivés, entraînés et commandés. C'est l'articulation de ces données qui sera à prendre en compte.
Il y a une part de hasard, avec un tirage aléatoire à base de pions colorés. C'est assez déstabilisant au début, mais vous verrez, on s'y fait, et pour l'avoir testé à fond et dans tous les sens, ça fonctionne, il nous semble, plutôt très bien! Surtout, les calculs d'estimation préalable sont rendus plus difficile. En gros, il faut un peu d'audace, un peu d'anticipation, un peu de pari, un peu de chance, et surtout la meilleure décision au meilleur moment. On ajoute parfois à cela le tirage d'un dé.
Le hasard, toutefois, reste contrôlé. Une ligne bien faite, bien soutenue, et bien commandée, ça ne craque pas très facilement. Mais on peut aussi faire des ravages dans des rangs déjà désorganisés.
La règle elle-même peut paraître un peu longue... mais il y a tout dedans. J'entends par là qu'il n'y aura pas d'exceptions à la règle dans les listes d'armées. Chaque brigade a des traits spécifiques, assez simple à se souvenir.
L'idée de départ était de pouvoir reprendre au plus exact possible des ordres de bataille historiques. Des liste seront toutefois proposées sur le site au fur et à mesure, avec budget et compositions complètes sur des modèles type de divisions, pour des parties rapides à mettre en place. En vrai c'est prêt pour 1812 et 1813, pour les grandes armées. Il nous reste juste un peu de mise en forme à faire.
Le dernier point à ajouter, c'est notre plan de bataille avec cette règle de jeu.
Un système complexe est rarement parfait. Celui-ci, n'échappera certainement pas à cela. Il s'agira donc de la version 1.0, que nous appelons autrement la version bêta. Notre idée est qu'elle soit un laboratoire pendant un an environ. Nous prendrons en note les commentaires, critiques, conseils durant cette période, pour idéalement proposer une version remaniée dans un an, et si possible un peu après une version en anglais.
Le tambour roule doucement. Les hommes ajustent les baïonnettes aux canons. Le général de division regarde fixement au loin son Excellence le Maréchal. Dix mille hommes observent un village défoncé, tenu le matin, puis perdu dans l'après-midi. A l'arrière, deux magnifiques régiments de hussards épaulent les phalanges hérissées. Dernière lampée dans la gourde pour le conscrit, pendant que vingt pièces de canons assomment les défenseurs en trois salves. Le Maréchal, au loin sur une colline, incline la tête, glisse un mot à l'oreille d'un aide de camp. Le général de division se retourne alors vers ses hommes. Tous les officiers passent à l'avant, sortent le sabre. Au commandement, les tambours redoublent. Vive l'Empereur.
A+!
Xavier